Zéro aux Bahamas - mai 2012
Bahamas, 18 au 25 mai 2012
Bimini Islands, Berry Islands, Great Abaco, Pelican Cay, Green Turtle Cay... Des noms qui font rêver. Ce sont bien les îles Bahamas. Cocotiers, plages de sables blanc, eaux turquoises sous le soleil des tropiques .Les brochures touristiques sont unanimes. Le seul guide déniché dans les rayonnages de « Raconte-moi la Terre » avant de quitter le terroir lyonnais le confirme : « un avant-goût du paradis », « avis de beau temps », « un climat idéal toute l'année », « les îles de l'éternel printemps », « un aquarium à ciel ouvert », « les poissons tropicaux offrent en permanence un spectacle féerique », « une tradition d'hospitalité chaleureuse », « souriants, débonnaires, aimables, serviables, simples.... les Bahaméens engagent volontiers la conversation et se lient facilement », « paradis du shopping, …. tentations permanentes, …..produits détaxés venus de toutes les parties du monde », « une destination magique ». On a hâte d'arriver dans cet archipel qui sera sans aucun doute le point culminant du voyage.
Nous rembobinons la ligne de traîne en arrivant à North Bimini. Aucun poisson n'a bien voulu se laisser prendre mais ce n'est pas grave, on pêchera plus tard entre les îles ; pour le moment, on a plutôt envie de goûter les spécialités des restaurants locaux. Le chenal d'entrée n'est pas bien large et le balisage succinct, entre barre de corail et bancs de sable ? Encore un endroit ou il vaut mieux arriver de jour ! On s'amarre aux pilotis de la première marina, le temps d'aller régler les formalités administratives d'entrée sur le territoire. Comme nous allons rester plusieurs jours dans les îles, nous avons décidé d'être en règle avec l'administration locale. Avant de partir, on nous a confirmé que dans les îles les plus proches de la Floride que sont Bimini, Grand Bahama et Abaco, il est préférable de s'acquitter des formalités. Ce qui peut être oublié dans certaines îles du sud-ouest de l'archipel, moins intensivement fréquentées... Nous sacrifions donc au rituel des procédures d'immigration, de douane, de police.... et surtout nous nous acquittons du droit d'entrée sur le territoire et lâchons trois cents vingt dollars aux bonnes œuvres des services administratifs locaux...
Nous voilà l'esprit totalement serein pour profiter à fond de cet archipel paradisiaque.
Commençons donc par un petit tour à pied de la capitale des Bimini puisque nous y sommes, comme nous y incite un panneau engageant : « Welcome to Alice Town » !
Une rue traverse la ville, d'un côté les marinas sur pilotis avec accès direct aux pontons, les bureaux, un complexe commercial de cinq ou six échoppes à touristes proposant toutes les mêmes t-shirts, bijoux et casquettes, et … plus rien. Du côté opposé de la rue, quelques boutiques fermées ou moins achalandées que celles de Cuba, des maisons de planches fermées, inhabitées, abandonnées ? En tout cas aucune manifestation de vie. Un collège, quand même dans l'allée duquel on aperçoit quelques enfants en uniforme. Tous les jardins sont plutôt entretenus et grillagés.
Régulièrement, de petits véhicules électriques et de gros 4x4 aux vitres fumées nous croisent ou nous dépassent, mais toujours à une allure modérée. Aucun autochtone visible.
Un peu déçus, nous allons nous réconcilier avec la vie au bar de la marina. Truc touristique par excellence, spécialement conçu à destination des amateurs de pêche au gros qui arrivent tous les week-end en provenance de Floride, généralement au moyen de leur hydravion personnel. C'est vrai que c'est pratique : une heure et quart de vol, amerrissage dans la baie, devant les pontons, transfert sur le « canot » et c'est parti ! Donc un bar cossu, dont le décor est entièrement dédié à la pêche au marlin et à l'espadon, dont la terrasse surplombe la baie, les voiliers, l'eau transparente...
Une petite baignade à l'extérieur de la baie nous laisse sur notre faim : l'eau est bonne, mais le courant assez puissant, la crainte de se retrouver sur la trajectoire de l'un des hors-bords qui passent beaucoup trop vite pour apercevoir la tête ou les palmes d'un snorkeller, et un fond de sable désespérément vide, à l'exception d'une vieille épave rouillée dans laquelle se sont réfugiés quelques poissons. Après une nuit bruyante au mouillage devant l'usine électrique du coin, nous décidons à l'unanimité de filer un peu plus loin à la recherche de « l'avant-goût du paradis ».
Destination Berry Island, distante d'une centaine de kilomètres. Une journée de navigation et nous contournons une île aménagée pour accueillir des cargaisons de touristes à la journée, si l'on en juge par les deux paquebots que nous avons vus de loin quitter le mouillage, le nombre de chaises longues vides scrupuleusement alignées sur la plage, et l'absence d'infrastructure hôtelière sur place.
Soirée calme en perspective, ce qui nous convient parfaitement après le vacarme de la nuit dernière. Le mouillage derrière l'île, à l'intérieur du lagon est effectivement bien agréable et de plus sans moustiques ! L'île principale semble déserte, et le phare ne s'allume pas.
Le lendemain matin, nous profitons du beau temps pour aller nager tout autour d'un îlot réputé pour offrir un beau snorkelling. Effectivement, nous y verrons le barracuda habituel, mais aussi une tortue, des raies et de nombreux poissons qui s'abritent sous le pourtour rocheux surplombant de l'îlot. Sans oublier une jolie langouste, d'après la taille de ses antennes mais nous n'avons pas l'équipement pour l'attraper... Et aller farfouiller à la main nous laisse hésitants... Ça mord ces bestioles ??? La journée s'écoule paisiblement malgré l'apparition du paquebot quotidien. Sa cargaison de touristes explore les environs, ce qui résulte d'une envie bien compréhensible de profiter de l' « avant-goût de paradis ». Malheureusement c'est bientôt une noria de jet-skis tonitruants qui passe et repasse, heureusement à bonne distance. Le paradis n'est plus ce qu'il était.
Nouveau saut de puce à destination des Abaco, l'archipel le plus septentrional des Bahamas. Nous naviguons la nuit. A quatre, les quarts de deux heures et demie ne sont pas trop fatigants, ce qui nous permet de profiter de la journée pour visiter les îles et nous baigner dans les lagons. Abaco est constituée d'une longue île étroite en arc de cercle, Grand Abaco, qui s'étend sur deux cents kilomètres et de nombreux îlots coralliens, les Cays, qui délimitent un immense lagon, la Mer des Abaco. C'est notre objectif. Nous empruntons l'une des passes permettant de franchir le reef et glissons d'un mouillage à l'autre, en slalomant entre les hauts fonds et les îlots aux noms évocateurs : Sandy Cay, Pelican Cay, Green Turtle Cay.... Ici c'est le royaume des multicoques et des dériveurs. Mais Zéro n'est pas mauvais non plus dans cet exercice ; nous apprécions son faible tirant d'eau qui nous permet de nous faufiler un peu partout sans trop de crainte, et surtout sa coque métallique bien solide, au cas où l'on toucherait quand même...
La passe de Pelican Cays - les déferlantes levées par le reef
L'eau est bonne, trente degrés mais peu peuplée en tout cas dans les endroits où nous sommes passés. Peu de poissons et grâce à notre persévérance, une petite récolte de lambis (les conches, en patois local) qui nous permettent de varier agréablement l'ordinaire, à défaut de poisson. La fricassée nous rappelle les bons souvenirs culinaires de Cuba, qui commencent déjà à se faire regretter.
Une halte à Marsh Harbour, la grande ville, est nécessaire pour nous réapprovisionner en prévision de la traversée vers les Bermudes. Hélas, la visite sera aussi décevante que celle d'Alice Town aux Bimini. C'est pareil, en un peu plus grand : des banques, des cabinets d'assurance, des centres médicaux, des entreprises et surtout des églises, des églises et des églises. Attention, rien à voir avec les nôtres bien de chez nous avec clochers, vitraux, sculptures et tout le toutim. Là, ce sont des congrégations diverses et variées, installées dans des bâtiments tout ce qu'il y a de plus ordinaires, mais qui se livrent une concurrence acharnée à grands coups de slogans et d'avertissements plus inquiétants les uns que les autres. On se sent presque mal à l'aise, à chaque coin de rue, à l'idée que le salut de notre âme et notre avenir dans l'au-delà pourraient être sérieusement hypothéqués si l'on ne souscrit pas rapidement une adhésion. Ça change de la propagande gouvernementale du régime castriste ! Mais est-ce vraiment un progrès ? Faut-il y voir l'antichambre du paradis dont les guides touristiques vantent (vendent ?) l'avant-goût. Si c'est ça, il y a tromperie sur la marchandise !
Toujours aussi peu de monde dans les rues, toujours les gros 4x4 et pick-up aux vitres teintées. Toutefois il faut leur reconnaître le mérite de rouler très doucement, avec le plus grand respect pour les piétons. L'idée m'effleure que l'espèce manifestement en voie d'extinction est, à ce titre, sévèrement protégée par la législation locale... Nous parcourons la ville, qui n'en est pas vraiment une. Plutôt une zone commerciale à moitié endormie. Avec aussi quelques baraques construites de bric et de broc au milieu de parcelles envahies d'une végétation luxuriante, devant lesquelles stationnent toutefois de grosses voitures, certes pas neuves, mais quand même... On sent bien où se situent les priorités. Aucun centre ville au sens où nous l'entendons, qui présenterait un semblant d'animation, quelques curiosités architecturales, bref un minimum d'intérêt touristique et culturel. Ici nous revenons dans un monde anonyme, où les loisirs semblent limités à la consommation de bière, aux matches de basket professionnels (NBA) à la télévision...
On peut aussi regarder tomber la pluie, ce que nous avons fait tout l'après midi avant de débarquer. Le repérage est fait, nous ferons les courses demain, et pour clôturer la journée, nous allons nous restaurer au bar sur pilotis en face duquel nous avons mouillé. Le cadre est plutôt agréable, mais ambiance « touriste US » avec télévision omniprésente. Toujours les mêmes programmes culturels : base ball et basket NBA en boucle. Bière et pizza à quinze dollars pièce. On était tellement habitués au pesos cubains que ça nous fait un peu drôle au porte-monnaie !...
Dernière étape pour rejoindre Green Turtle Cay. Là, c'est une navigation de jour car nous sommes à l'intérieur de l'archipel, dans la Mer des Abacos et il vaut mieux voir où on met son étrave. Temps désespérément gris. On peut quand même se baigner, l'eau est à trente degrés (centigrades).
Nous nous faufilons dans le mouillage devant « Big Bluff », une espèce de trou complètement dissimulé et auquel on accède par un chenal étroit mais bien balisé. Parfait pour essuyer le bon coup de vent qui nous tombe dessus le lendemain. L'eau est couverte de traînées d'écume mais comme l'espace est limité, la mer ne lève pas de vagues à l'intérieur du mouillage. On surveille quand même car les fonds sont généralement assez durs et les ancres ont tendance à déraper. On ne trouve aucun restaurant ouvert à proximité et vu les tarifs de la marina, on se fait à manger au bateau. Et le lendemain, toujours la pluie, mais le vent s'est calmé.
On va pouvoir s'en aller vers les Bermudes.
Cette visite du nord des Bahamas nous laisse sur notre faim. Mauvais temps, pas grand chose à voir dans l'eau, quasiment aucun contact avec la population locale, un mode de vie sans attrait.
Qu'est ce que je disais déjà, à La Havane, sur les guides touristiques ?.... Ou alors, on s'est trompés d'îles....
Faudra revenir et visiter tranquillement les îles du sud, plus loin de la Floride....
Quelques informations pratiques pour les navigateurs de passage.
Droit d'entrée aux Bahamas :
Bateaux de moins de trente pieds : 150 dollars
Bateaux de plus de trente pieds : 300 dollars
Passagers de plus de 6 ans au-delà du troisième : 20 dollars
Une idée des tarifs aux bars des marinas :
Bière locale (Kalik) et Heineken, parfois à la pression ou en bouteille : 5 dollars
Café : 2 dollars
Assiette de 12 beignets de conch : 10 dollars
Pizza tomate fromage poulet ou beef : 15 dollars
Le dollar US et le dollar Bahaméen sont interchangeables (aux Bahamas bien sur, pas aux USA).
Toutefois, les billets bahaméens sont plus jolis..
Fin de l'article.
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