Ohé matelot ! Quelques pérégrinations en voiliers

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Retour au Sénégal

Retour au Sénégal pour une mission de quinze jours avec Voiles Sans Frontières dans le delta du fleuve Siné Saloum. Même en ayant changé de compagnie aérienne, le voyage s'englue dans la routine. C'est le huitième vol international en quinze mois et l'excitation des premiers départs a disparu. L'avion se pose à Dakar avec une demi-heure de retard, autant dire à l'heure. Le hall d'arrivée est absolument désert, pas d'autre vol que le mien à l'arrivée, remplissage de la fiche d'immigration, cinq minutes d'attente devant la guérite du douanier, un coup de tampon et les formalités sont réglées! Quant aux bagages, il ne mettront guère plus de temps pour apparaître sur le tapis roulant. Légère tension en voyant apparaître les premières valises : certaines ont manifestement été fouillées puisqu'elles sont ouvertes et laissent entrevoir une belle pagaille à l'intérieur. Mon sac a été visité mais je suis incapable de conclure à l'intégrité de son contenu. Mon carton de bouteilles est toujours là, c'est le principal ! Je prends mes cliques et mes claques et je quitte cet endroit grouillant d'uniformes. La chaleur de la nuit n'est pas au rendez-vous contrairement à Mame Mor et Nango, deux vieilles connaissances de l'an dernier qui sont venus m'attendre à l'aéroport. Mame Mor est le correspondant local de VSF, originaire de Dionouar, un village du delta. Il est jeune, dynamique et très débrouillard. C'est notre facilitateur, il connaît les interlocuteurs, les prix, les usages. Il nous fait gagner beaucoup de temps et nous évite probablement de commettre de nombreuses erreurs. Il est aussi notre interprète avec les gens qui ne parlent pas français. Ils sont rares à Dakar mais beaucoup d'habitants du delta ne parlent que le wolof (langue sénégalaise) ou le sérère (dialecte local). Nango est chauffeur de taxi ; il a bénéficié d'un micro-crédit de la part de VSF et c'est notre chauffeur attitré. Il est père de famille et extraordinairement sérieux. Toujours d'une ponctualité irréprochable, disponible, prudent et respectueux du code de la route. C'est une sorte d'extra-terrestre égaré au milieu de l'immense et joyeux bazar qui règne à Dakar.

La ville est calme. Trop, peut-être ? A part quelques slogans étalés sur les murs à grands coups de pinceau, pas trace de l'agitation politique dont on nous rebat les oreilles en France. Nous y sommes habitués ; il suffit d'un événement malheureux dont les médias s'emparent et qu'ils se repassent mutuellement, pour que la mayonnaise prenne et que tout le monde se figure que la guerre civile est imminente. La fabrique d'opinion publique de chez nous qui fonctionne à coup d'analyses économiques éclairées et de magazines sensationnels, serait bien capable de provoquer des révolutions dans les pays d'Afrique... Souhaitons que la culture pacifiste du Sénégal soit suffisamment forte pour résister à la tentation de la violence.

Dakar - 10/02/2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/02/2012

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