Ohé matelot ! Quelques pérégrinations en voiliers

Ohé matelot !    Quelques pérégrinations en voiliers

Sélection 37

Années quatre-vingts. Dix ans plus tard. Bretagne sud.

Plus précisément, baie de Concarneau, Port-la-Forêt, Ecole de voile Sorhenn.

On reprend tout à zéro, mais cette fois c'est sérieux : un vrai océan, avec des marées, du vent et des vagues. Et un vrai skipper. Didier Caradec. Au nom illustre. Il a sa petite école de croisière et son beau voilier sur lequel nous balbutions laborieusement nos manœuvres.

Sorhenn...  depuis il a changé de bateau. Mais comme les Pen-Duick de Tabarly, les bateaux de Didier s'appellent tous Sorhenn. Le premier du nom est un Sélection. Un vrai bateau de course-croisière, construit spécialement pour le tour de France à la voile ! Un peu spartiate mais performant. Enfin c'est ce qu'il nous soutient. Nous, on ne s'en rend pas trop compte. On n'a pas vraiment l'impression de voler sur l'eau. Le manque de repères marins sans doute. Sans compter qu'on devait pas savoir très bien régler les voiles. Bref...

On se promène dans la baie de Concarneau, qui est vaste. On fait des virements, des empannages, et des exercices d'homme à la mer, avec un flotteur évidemment. Mais après ça, on se promène. On visite les îles, les rivières, l'archipel des Glénan. C'est beau.

Une année, on descendra jusqu'à La Rochelle, pour convoyer le bateau vers le départ de la course de l'Edhec. Passage sous le pont de l'île de Ré et remorquage d'un petit rafiot de pêcheurs en panne de moteur, de radio, de fusées, d'aussières. En panne de tout, quoi ! Premières aventures, premières histoires de pontons !

C'est l'époque où il n'y a pas encore les GPS et les centrales de navigation ; on utilise les cartes, la règle, le compas de relèvement. Ça fait beaucoup de choses à apprendre.

Et on a la trouille à cause des bastaques. Celles-là, il faut surtout pas les oublier, sinon on peut tout casser.

- Nous : Les quoi ???

- Le skipper : Les bastaques.

- Nous : ...???...

- Le skipper : Les bastaques, ce sont ces câbles qui relient l'arrière du bateau à la tête du mât.

[note de la rédaction : ceci, dans l'intention louable d'empêcher ce dernier de s'écrouler vers l'avant, sous l'effet des forces véliques qui s'exercent dans la voilure.... On aimerait assez qu'elles soient tendues une bonne fois pour toutes mais ça serait trop simple. C'est le problème avec tous les engins de course, ça demande des réglages subtils...]

- Le skipper : En fait, c'est simple : à chaque changement d'amure, il faut juste penser à reprendre la bastaque au vent et choquer la bastaque sous le vent.

- Nous : Ouh là là !... ça va trop vite là... changement de quoi ? de mur ? de mûre ?

- Le skipper : d'amure... l'amure, c'est comme l'écoute, mais au vent.

- Nous : l'amur toujours l'amur...

- Le skipper : Si on vire, l'amure devient écoute et inversement.

- Nous : on écoute mais justement avec ce vent....

- Le skipper : ...???...

- Nous : reprendre la bastaque-auvent ? et choquer la bastaque soulevant ? on n'enquille nib !

- Le skipper : ...... Ah oui.... bon, ben c'est pas gagné, avec cet équipage....

 

L'apprentissage du vocabulaire marin m'a laissé de douloureux souvenirs. Il m'est arrivé de détester profondément notre skipper. Ce fut probablement réciproque.

 

 Sélection de Sélections

un lien pour les techniciens : ici

 

 


 

 

La suite bientôt....

 

 

 



06/03/2013

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