Ohé matelot ! Quelques pérégrinations en voiliers

Beau temps ensoleillé, et mer calme. On quitte le mouillage pour parcourir les quelques milles qui nous séparent de Port Ellen qui sera notre camp de base sur Islay. Passage devant la distillerie Laphroaig, aussi blanche et bien chapeautée que ses consœurs.

Port Ellen est LE port d’Islay où accostent les ferries de chez Mac Brayne qui livrent notamment la matière première pour les distilleries donc c’est la métropole économique de l’île. Quelques centaines d’habitants, des B&B, un hôtel où l’on peut prendre une douche ou une chambre ou les deux, un pub équipé d’une sérieuse collection de whiskies, une épicerie, plusieurs églises dont une dans laquelle on peut se procurer de remarquables confitures en échange de quelques pièces, quelques pontons pour les voiliers, pas toujours faciles à négocier car le port n’est pas bien grand.

Après la visite de la ville et quelques courses, on sort les vélos pour aller voir du pays. Une belle route nous mène le long de la mer en direction des distilleries au milieu des prairies. On sent qu’elle a été refaite à neuf, sur mesure pour les camions qui approvisionnent les distilleries et exportent leur production, et pour guider les touristes jusqu’aux parkings.

Dès que les trois sœurs sont dépassées Ardberg, Lagavulin et Laphroig, la route retrouve son état normal : étroite, mono-voie, sinueuse et ondulée. Chaque virage, chaque sommet de côte nous offre une surprise. Un cottage derrière son jardin fleuri entouré de murets de pierres grises, un talus abrupt dans lequel la moindre anfractuosité abrite une touffe de bruyère ou de fougère, une crique magnifique abritée derrière quelques ilots rocheux, et toujours des troupeaux de moutons…

Nous roulons jusqu’à Killdalton Cross. Près d’une église dont il ne reste que les murs, une grande croix celtique de pierre s’élève majestueusement, affrontant depuis des siècles les vents du large et les tempêtes. Des tombes probablement très anciennes sont éparpillées dans l’herbe épaisse. Abrité au creux d’un mur, la statue d’un chevalier en armes semble veiller sur son île.

Au retour nous faisons halte à Ardberg que nous ne visitons pas car il est tard. Nous parcourons l’extérieur des bâtiments malgré les interdictions et jetons un coup d'oeil à la boutique qui propose, outre l’accueil  charmeur de blondes hôtesses, une gamme étendue de produits dérivés : teeshirts, polos, parapluies, etc, aux couleurs de la distillerie. Ici aussi, le business règne en maître !

Retour au pub où le patron m’explique que la distillerie que l’on aperçoit à la sortie de la ville de Port Ellen n’en est plus une, depuis une trentaine d’années, mais une usine de maltage qui approvisionne les autres distilleries de l’île. Les bouteilles de Port Ellen, fruits des dernières années d’activité deviennent des denrées rares !

Si c’est pas malheureux de fermer des distilleries…. Quand même….