Ohé matelot ! Quelques pérégrinations en voiliers

Ohé matelot !    Quelques pérégrinations en voiliers

En Ecosse – Jeudi 1 août 2013 – De Cragaig (Isle of Ulva) à Loch Cuan (Isle of Mull) – 16 milles

Matin gris. La ligne laissée toute la nuit est intacte, avec sa demi-moule toujours accrochée à l’hameçon. Forcément avec tous ces phoques, y-a plus de poissons ma pauv’dame… Du coup on va faire les courses au fond des criques, là ou les rochers affleurent la surface ; les algues entravent notre progression et je me transforme en gondolier, essayant de manœuvrer l’annexe en poussant avec la rame sur le fond. Pas facile parce que les courants ne sont pas toujours d’accord. On finit par trouver des moules mais sous la surface ; il faut plonger les bras dans l’eau presque jusqu’à l’épaule pour les attraper. Finalement elle n’est pas si froide. Mais de là à se baigner… C’est marée basse mais c’est aussi les mortes-eaux donc faible amplitude et ça découvre peu. Il faudrait revenir dans huit jours ! On se contente d’une petite récolte, ça fera l’affaire pour quelques apéros.

Puis départ pour un quart de tour de Mull. Bonne brise au largue, le vent vient de la terre donc la mer est plate et ça, on adore ! La route défile, on passe entre d’étranges îles tabulaires essaimées tout le long de la côte. Sur l’une d’elle, quelques murs de maisons en ruine se dressent sur le plateau, face aux vents de l’océan. Les derniers irréductibles sont partis depuis longtemps. Drôle d’endroit pour vivre. La pêche, les coquillages, quelques poules et moutons ? L’existence devait s’y limiter à une lutte pour survivre. La notion de superflu n’a pas du exister ici…

En face, sur Mull, on retrouve les mêmes reliefs, mais empilés en couches noires successives et séparées par des terrasses d’un vert éclatant. Il manque juste un rayon de soleil pour magnifier ces paysages si surprenants. On en a tellement eu depuis quinze jours qu’il serait malvenu de se plaindre.

En tournant progressivement vers l’est, on termine au près avec un ris et le Loch Cuan nous offre une immense étendue d’eau parfaitement plate. On peut dérouler toute la chaîne en prévision du vent qui va monter, sans crainte d’aller toucher le bord ou un autre bateau au mouillage, y-en a pas ! Cinquante mètres de chaîne dans huit mètres d’eau, si on tient pas…

Peu après, la pluie fait son apparition. Ça dégringole et on est contents d’être arrivés de bonne heure ! Mais pour l’éclaircie du soir, ça a l’air bien compromis alors on décide de se faire plaisir. On ouvre une boîte de confit de canard et une bouteille de Chambolle. Mmmmmmhhh ! J’avais oublié comme c’est bon…

On n’en voit pas dans les magasins. Avec les chinois, j’ai l’impression qu’on est les seuls à manger du canard. Je me demande bien pourquoi. Pourtant ils devraient se plaire dans ce pays. Peut-être que les phoques les ont mangés aussi.

Enfin, le ciel se découvre et s’étoile, avec toujours cette extraordinaire clarté crépusculaire qui illumine l’horizon en direction du nord.

 

522 - De Cragaig (Isle of Ulva) à Loch Cuan (Isle of Mull).jpg



24/08/2013

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